30 déc. 2008

Commercy et… les madeleines de Proust / Lorraine

Commercy est à la madeleine de Proust ce que la madeleine est aux souvenirs évoqués par l'écrivain dans son célèbre roman. Et tout d'un coup (moi aussi), en relisant ce passage d'A la recherche du temps perdu, j'ai eu envie d'écrire en français.

[…] Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés depuis si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot - s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. […]
(Fin de citation d'A la recherche du temps perdu, de Marcel Proust.)

Voici le célèbre passage de la madeleine de Proust. Il est probable – fort probable – que l'écrivain parisien ignorât tout sur l'origine de ce gâteau populaire qu'il évoque "sur les tablettes des pâtisseries", ainsi qu'à l'heure du thé chez sa tante Léonie, à Combray. En effet, les madeleines sont nées dans la petite ville de Commercy, en Lorraine. On raconte qu'aux alentours de 1750, le roi Stanislas, gourmant et bon vivant, séjournant au château de cette ville, demanda à une jeune soubrette de lui apporter une pâtisserie. Cette jeune – nommée Madeleine – réalisa un gâteau qu'elle croyait avoir raté. En le goûtant, le roi en raffola… La célèbre madeleine, en forme de coquille Saint-Jacques venait de naître. Elle se répandit assez vite dans tout le royaume. Depuis, que de chemin parcouru pour cette gourmandise ! Mais, à Commercy les madeleines continuent à être fabriquées selon la recette originale par deux fabriques. La plus importante, sur la Place Charles-de-Gaulle, est A la cloche lorraine (Madeleines Grojean) dont je vous laisse les photos ici:




Mais, outre les madeleines, Commercy recèle un beau château du XVIII siècle, maintes fois remanié; ainsi que la Pharmacie art-nouveau Flesch (du nom du proprio actuel), conçue par l'incontournable Eugène Vallin, architecte et ébéniste de l'École de Nancy dont j'ai eu le plaisir de vous montrer dans les posts antérieurs quelques ouvrages. Les pharmaciennes – chose rare de nos temps – très aimables, vous laisseront faire de photos et s'écarteront même afin que vous puissiez en prendre les meilleurs angles: